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Des chemins antiques au chemin de Compostelle en Haut Forez

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L’homme des laborieux âges néolithiques a conservé sans doute ses vieilles habitudes de parcours en les accommodant à des activités et des besoins nouveaux, nés de l’usage de la terre et de l’exploitation du sol. Les vieux tracés du chasseur en forêt n’auraient donc jamais été prescrits, et à l’époque de la civilisation agricole, plus d’une grande voie de communication aurait continué, en ajustant à ses fins, la piste jamais abandonnée où passait le chasseur des temps chelléens.

Gaston ROUPNEL Histoire de la Campagne Française (Bernard Grasset 1932)

La présence d’un enclos de pierres dressées dans le bois des Gaulois implique une présence celtique, comme le montre les fouilles de Bernard en 1924 (Bulletin de la Diana), mais elle dit aussi quelque chose des chemins qui traversent le massif du Forez. Ces chemins dont l’origine se trouve à la fin du néolithique. 

En effet avec le déclin des groupes de chasseurs-cueilleur au profit de la sédentarisation et donc de l’agriculture et de l’élevage, les premières organisations villageoises s’établissent. Celles ci s’accompagneront de deux éléments important pour le développement de la société humaine :  

  • érection de dolmens et menhirs vraisemblablement liée à des rites religieux, à des sépultures, des rites de protection et, plus simplement, pour marquer leur territoire.
  • Création de chemins qui ne sont plus des sentiers de chasseurs ou de cueillette, mais des liaisons, que l’on pourrait dire sociales ou commerciales, entre les différentes agglomérations villageoises, les lieux cultuels, mais aussi, plus prosaïquement, en destination lieux d’activités agricoles 

Ces chemins tracés à travers les monts du Forez sont rapidement devenu, à l’époque gauloise, des voies de commerce entre la plaine du Forez. Hubert Houdoy (Conférence à Marols 02/02/2001) évoque la caravane de l’étain qui aurait traversé les Monts du Forez de Roanne à Montarcher, oppidum à vocation protective.

Les romains, après la conquête de la Gaule, ont utilisé ces chemins antiques pour les transformer en voies de transport militaire ou civiles. Deux voies ont transité par les Monts du Forez, à proximité de l’enclos du bois des Gaulois. 
C’est d’abord la voie Bollène qui reliait Lyon, Feurs, alors Forum Segusvorium, à l’Aquitaine. Cette voie passait à proximité de l’enclos et l’on voit encore aujourd’hui la trace de cette voie romaine le long du chemin de desserte entre Ronchevoux et Chossy.
C’est ensuite la « voie des crêtes » qui allait du nord de la plaine du Forez au Pied du Bon Dieu, rocher où l’on croit deviner l’empreinte d’un pied, entre Marols et Montarcher. Elle se prolongeait par une voie rejoignant Vienne par la vallée du Gier.

Le tracé de ces voies n’est pas facilement reconnaissable aujourd’hui, du fait qu’elles ont été ruinées à la chute de l’empire romain et au début du Moyen Age. Les textes donnent parfois plusieurs tracés et surtout plusieurs lieux différents où l’on retrouve trace de ces voies. Une explication est possible dans le fait que des voies civiles ou privées ont été créées par des propriétaires de « villas » et pour lesquels on n’a aucune information.

Il reste une trace de cet ensemble de voies romaine dans la carte de Peutinger, copie du XIIIème siècle, d’une ancienne carte romaine. Dans le secteur du Haut Forez on reconnait Forum Ségusiavorum, mais aussi Mediolano identifiée comme pouvant être la ville de Moingt, connue sous le nom de Modonium au XIIIème siècle, Icidmagus, aujourd’hui le village d’Usson en Haut Forez et Ruessione ou Ruessio, aujourd’hui Saint Paulien

Après un relatif abandon, ces voies romaines, en particulier, la voie Bollène et la voie des crêtes ont retrouvé leur intérêt dans le développement des pèlerinages romieux, en direction de Rome, et surtout jacquaire en direction de Saint Jacques de Compostelle. Aujourd’hui, Marols, et l’enclos du bois des Gaulois, est un point de passage incontournable du chemin ralliant de Cluny et l’Est à la voie Podiensis dont le point de départ est au Puy en Velay.

Sources 

BATAILLE, 1921, instituteur à Luriecq « Traces de travaux préhistoriques à Marols » BULLETIN DE LA DIANA. Tome XXI 1921-1923
HUBERT HOUDOY : « Voies Romaines et Chemins de Compostelle dans le canton de Saint-Jean-Soleymieux ». Conférence donnée à la Mairie de Marols le vendredi 2 février 2001.
M.-C. GUIGUE : « Les voies antiques du Lyonnais, du Forez, du Beaujolais, de la Bresse, de la Dombes, du Bugey et de partie du Dauphiné déterminées par les hôpitaux du moyen-âge » (1877).

Jean Paul Masson 2024


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